Mes rêves avaient froid
Les hommes étaient partis, convoqués par la guerre. Nous fûmesramassés d’un coup d’aile dans un refuge froissé que les soldats français visitaientbrutalement dans la clarté du jour pour nous apporter la civilisation et queles maquisards algériens hantaient dansle doute de la nuit pour y réchauffer leurs âmes en peine. Les civils misérablesaccrochés à la terre stérile composaientavec les deux parties ennemies à mort. La vie d’un homme sans armes en cestemps maudits ne valait pas celle d’un chien errant. J’avais des furoncles dansmes espérances d’enfant. Mes rêves grelottaient de peur et de froid !
Mon enfance était une guerre
Un infini bruit de bottes,
Des légions lugubres
Des képis qui ricanent
Mon enfance
Un âne docile sans soucis
Un chien fidèle
Une grive apprivoisée
Un chardon violet
Une poupée d’argile
Des regards olive noire
Un rouge-gorge frileux d’un piège libéré
De ma campagne verruqueuse
Chemin caillouteux
À mon village poltron
Caché dans son courage
Ses haies de fils barbelés
Pas de formation renseignée