Anne DUBOIS KREMER

Après des études littéraires et un parcours aux Beaux Arts de Bordeaux, des rencontres essentielles dans les années 90 avec Gérard Sendrey (Directeur du Site de la Création Franche à Bègles) et Michel Estrade (A80) m’ont encouragée à poursuivre ma pratique artistique. La participation à des concours, biennales et forums des arts m’a permis d’être présente dans des collections publiques comme par exemple l’Artothèque du Conseil Général et des collections privées.

Enfant, la feuille de papier vierge, l’encre, m’enchantaient, je me sentais devant ce papier blanc exaltée et puissante, libre de créer mon propre univers… Mais je m’appliquais à ne surtout pas faire de taches …
C’est bien plus tard que j’ai ressenti une impulsion viscérale, musculaire de peindre sur de grands panneaux de cartons des corps tronqués que je mutilais en arrachant la pelure première de papier.

Ces lambeaux de peau- papier me fascinaient il me fallait à nouveau les tacher, les salir, les marquer, les déchirer, les recouvrir de mixtures, d’écritures, pictogrammes, graphismes, dessins et puis les enfermer dans des boites à chaussures pour les oublier…m’en déposséder…

Revenir plus tard…
Ouvrir les boites, déplier ce papier, le lisser, le repasser, s’étonner de le redécouvrir si différent comme s’il avait mué, s’était métamorphosé, s’était chargé de sens…

Puis le recomposer sur de grands tableaux, fusion de signes, de traces, d’empreintes, de symboles mêlés de toutes ces « vérité unique » qui m’assaillaient, kaléidoscopes de cultures, d’époques, de mythes, de religions, de sciences…

Il m’a fallu du temps, des ruptures, pour apprivoiser ce chaos, apprendre à respirer, ne plus combler le vide, le manque …
Apprendre à arrêter le geste sur UNE esquisse UNE trace UN signe… regarder et voir émerger mon propre alphabet pictural de palimpseste en palimpseste…

Depuis 2006 jusqu’à aujourd’hui

Dans le cadre de Novart 2006 J’ai participé à Opendoors Openeyes, l’installation que je présentais dans mon atelier mettait en scène une interprétation des figures de Chladni.

Ces figures géométriques m’ont conduite à travailler en 2007 et toujours actuellement, des formes de plus en plus simplifiées et symboliques.
Mettant en application l’incitation d’en faire moins pour en faire plus (Do less in order to do more), et concilier l'encre et le pinceau (Shitao)

Ma technique privilégiée est l’encre de chine sur papier glacé.
Ce qui m’intéresse dans ce travail est la prise de risque constante en lien avec posture, geste, souffle.

Le moindre doute ou hésitation, le manque d’enracinement au sol et en esprit étant immédiatement retranscrit sur le support, il me faut pourtant inlassablement recommencer sans agitation sans « émotion de surface » et retrouver l’esthétique au sens premier d’aesthesis (sensation).

Paradoxalement au fur et à mesure de cette pratique, la maitrise sans volonté forcée laisse la part belle au hasard, à condition de savoir quel espace lui accorder…
La répétition jusqu’à chercher l’épuisement de la forme, fait naitre un jeu de substitutions successives de signes, dont l’ensemble est porteur de sens.

Cependant cette forme, ce symbole ne renvoie pas à quelque chose d’extérieur à lui, c’est la présence du signe lui-même qui donne à penser, par défaut de représentation.


Mes compétences :
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