Plus jeune , ou tout du moins a l’heure qu’il est devrais je dire , moins vieux…
Moins vieux , je suis tombé amoureux d’un poème , amoureux fou, passionné tant et si bien que je singeais cette fausse romance , enamouré d’errance , je courus.
Inconscient j’ai courus vers la vie de manière frénétique , à en perdre haleine.
Mon auberge était à la grande ourse , j’était par la Nature, heureux- comme avec une femme.
Je ne me prosternai devant personne pas même Dieu.
Mais toute cette Bohème était convenablement désordonnée et je dressais en secret sur ma vie l’étendard de l’insouciance.
C’est ainsi , On est pas sérieux quand on a dix-sept ans .Je voulais être l’artiste de chaque minute et j’en délaissé l’œuvre en entier.
J’ai donc volé vers un grand dédale de n’importe quoi , j’errais mais voyez-vous, j’étais beau !
Cette fuite , cet exil , cette aliénation transpirait la peur.
Au réveil il était minuit .
Plus sage aujourd’hui j’ai appris que l’espoir si tenté qu’il se résume à attendre lascivement des choses qui hurlent à ce que l’on court vers elles n’est pas suffisant.
Alors, devenu le captif de Moïra il fallait bien se décider un chemin…
J’entrevois maintenant au milieu de cette comédie nauséabonde de figurants parmi leurs courses à l’argent , à la gloire , à l’amour ou aux vérités qu’il n’y a pas de but légitime.
Qu’il est absurde d’essayer de donner un sens à une existence !
Chacun poursuis les chimères qu’il, par vice, adore.
Moi ,l’orgueil, j’érige par vocation d’éternité.
Oh ! Je sais que nul n’assouvis le temps . Malgré , je cours. Oui, pardonnez moi , c’est ainsi, j’ai quelque part un immémorial contentieux avec cette vielle canaille.
Et Ayant égrené ma jeunesse dans des expériences bigarrées qui font l’autodidacte je me dois alors de courir deux fois plus vite que tous .Pas pour tenter le tour de force de rejouer le temps perdu , simplement j’ai foi en ces mots que vous connaissez sans nul doute :
« If you can fill the unforgiving minute
With sixty seconds' worth of distance run,
Yours is the Earth and everything that's in it,
And - which is more - you'll be a Man, my son! »
Voilà pourquoi je distribue des coups à la chance, PIM ! PAM ! Ma main ne tremble plus , Gauche, droite , sans gants je bouscule la fortune sans cesse.
Un genoux a terre mais increvable, l’existence devrais se méfier du vieux lion indomptable que je suis .
Mais la vie m’aimerais pour ça Et les Péninsules démarrées, croyez moi, ne subiront pas tohu-bohus plus triomphants.
« Audaces Fortuna juvat. »