Je suis né le 16 janvier 1966. Comme ce fut en hiver, je suis resté frileux. Comme ce fut ici-bas, je suis devenu rêveur. Aussi longtemps que durera la terre, j’en serai un déserteur. Elle est trop rêche ! D’ailleurs, je râle : jusqu’à 13 mois, je hurle. Mes parents désespèrent : jour et nuit, leur fils braille. Des spécialistes m’auscultent : je n’ai rien. Tout va bien. L’avenir le prouve : je rentre bientôt à l’école et dans le rang. Je deviens l’enfant sage dont les maîtresses raffolent. Quand j’arrive au collège, je rêve d’être comédien. Moi si timide sur la terre me débride sur la scène : je m’arrache à la vie en jouant celle d’un autre. J’ai une maîtrise de lettres et j’ai fini l’armée. Alors que faire ? Comédien ? Il s’agit d’être sérieux ! Je vais bientôt me marier... Je cherche un métier sûr : je serai professeur de français. Tableau noir et austère. Dans les cahiers, ma prose est rongée par les vers… Surtout, pas de gros mots : ils doivent garder la ligne… Je les mets sur le carreau, je respecte les consignes… Mais la marge me démange. Alors j’écris un peu, d’abord des pièces et, très vite, des romans…
Et j’apprends tout doucement à savourer la vie, à tourner toutes ses pages jusqu’à noircir enfin les plus douces de celle-ci ! Ma femme -ma belle Marie- met Zadig à la terre… Comme j’avais déjà trois filles, ma marge prend des allures de chapiteau ! Quatre enfants et des rêves… En fait, je n’en ai plus qu’un : être heureux tous les six et faire le cirque enfin dans ce monde sans étoiles...
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