PARIS
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Martin Méry
Huit milles citrouilles au Trocadéro pour le lancement d' "Ola-ween", des marais salants implantés en plein coeur de Paname, avec production de sel à la clef, pour promouvoir les sauniers, Martin Méry a le goût du sur mesure. Un homme qui a recouvert 600 mètres carrés du jardin du Luxembourg pour « la fête des beaux rêves », ode au nouveau service nocturne de la SNCF. Les plus petits défilaient sous un grand lit, avec visite guidée dans la table de nuit, exercice imposé de comptage de moutons et bataille d’oreillers géants de rigueur, pour finir dans un chemin de fer antédiluvien, grandeur nature. Martin s’amuse avec la capitale, ses monuments historiques, ses espaces interdits.
Et quand Vivendi-Universal conventionne ses cadres, Martin les fait voyager d’Orlando à Deauville, de New-York à Londres, en passant par la case Paris. Son cursus ? Celui d'un autodidacte. Les expériences de l'enfance ont forgé son esthétique. Ses parents artistes, lui est peintre, elle créatrice d'objets, cultivent leur jardin et leur propre miel. Après une carrière adolescente de musicien qui le mènera des Transmusicales aux Printemps de Bourges, Martin intègre BDDP-TWA à l'âge de 19 ans. Cinq années plus tard, il fonde sa propre société If.
Sur sa carte de visite est écrit « concepteur-créateur d’événements, scénographe », termes aseptisés pour expression barbare supplémentaire – c’est l’époque qui veut ça - alors l’homme pressé s’est assigné un objectif : gagner de l’argent en donnant du sens à ce néologisme dont il a fait son métier. Remplir le vide pour que, derrière les opérations promotionnelles apparaisse l’« Humain », un mot qui ponctue avec la régularité d’un métronome les phrases de cet ancien musicien. Aussitôt exposées, les citrouilles doivent être redistribuées.
Il y a du Don Quichotte dans ce professionnel de l’événementiel. Ses moulins à vent ont l’apparence de tours en verre et de barres de béton. Il ne les abat pas. Sa mise en scène les métamorphose, les détourne de leur vocation première. Quand la SNCF désire changer son identité visuelle, ses rails deviennent des rubans lumineux. Lancaster lance son nouveau parfum, Martin donne rendez-vous à la presse internationale dans un hôtel… de glace. L'adresse ? Quelque part en Laponie suédoise. Les V.I.P. reçoivent, eux, en guise d’invitation à une soirée de Paris-Première, une boîte de médicaments. Posologie, contre-indication… déclinent le thème de la fête.
Contre une société moderne dont la restauration doit être rapide et la télé se conjuguer avec réalité, il agite ses idées parfois saugrenues, souvent démesurées, toujours généreuses. Martin Méry est condamné à être éternellement insatisfait et il le sait. A son goût, le monde sera toujours trop petit.
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