Devant un paysage, l’artiste, peintre ou dessinateur, semble devoir se plier au spectacle qui l’a séduit, à une certaine nature qu’il a choisi de restituer. Même si la description n’est pas son propos, même si la fidélité n’est pas sa préoccupation, c’est la structure même d’un paysage qui génère la composition de l’œuvre, le rapport des masses qui la construisent mènent à une représentation d’un espace dont l’œil a défini les limites.
Mais voici donc, ici, des photographies. Elles ont ceci de particulier que le sujet n’est pas un fait donné à Nicolas Bruant. C’est une proposition que lui font les vallons champenois, les champs qui s’étirent, les ciels qui s’estompent. Pourtant l’homme et l’œil de sa caméra ne s’en laissent pas conter. Il est clair que Nicolas dessine une route, en infléchit la courbe, l’oublie, puis la reprend pour la mener jusqu’à l’horizon, qu’il strie les surfaces de ce qui pourrait être une vigne, qu’il ajoute un mur pour ne pas trop dévoiler ses plans, qu’il pose des arbres là où les troncs rythment et hachent les lointains.
Bref qu’il conforme le paysage à ses intentions.
La promenade, dans ces champs austères et généreux, n’en est que plus rêveuse.
Robert Delpire
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