Anne Lefèvre a quelque chose de Brigitte Fontaine. Un engagement insaisissable qui rend les femmes libres. Sensible, volubile, intense, généreuse. Anne Lefèvre ne prend pas le micro pour chanter mais pour parler de nous. De nos craintes, de nos doutes, de nos espoirs secrets ou encore de notre volonté enfouie de changer le monde, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… Son univers est peuplé de « zazous » ordinaires, un peu paumés, déboussolés par la violence physique et économique qui défigure les rapports humains.
Jean-Luc Martinez La Dépêche du Midi /Toulouse 14.10.08
Anne Lefèvre, metteur en scène
Parcours de langues, langages de théâtre
D’origine franco-italienne, née en 1953 à l’orée des Landes, Anne Lefèvre bouscule vite ses langues de filiation en allant vivre aux Etats-Unis et en Argentine … Elle étudie la Bible pendant 4 ans et devient l’interprète d’orateurs philosophiques. Le passage de la langue orale à la langue écrite s’opère un peu plus tard en Suisse où elle travaille dans une radio ; elle y est chargée de transcriptions d’interviews.
A 29 ans, elle vérifie qu’elle doit être comédienne, ce métier qui l’interroge depuis toujours. Reçue au Conservatoire de Bordeaux, elle rencontre son premier maître : Gérard Laurent. Œil laser. Accompagnateur de choix. A Paris, ses deux maîtres suivants - Melinda Mariass et Blanche Salan - ont cette même rigueur, précision, exigence extrême… efficace cadeau d’accompagnement vers l’unique de soi et la responsabilité. Trois maîtres convaincus que ces métiers d’art procèdent de 5% de talent et de 95% de transpiration.
Son parcours de théâtre est fondé sur une intranquillité foncière : ce monde, comment y participer sans y rajouter de l’abîme ? comment s’y mieux vivre en terme de construction en lieu et place de déconstruction ? …Questions pour pistes qu’elle pose au travers de différents auteurs : Mirbeau, Cocteau, Fassbinder, Thomas Bernhard, Canetti, Turrini, Jelinek, Bon… 2 fois coup de pouce au Off à Avignon en 1991 et 1993, elle tourne sur le territoire français… puis crée à Toulouse une école de l’acteur qu‘elle pilote pendant 5 ans.
La nécessité impérieuse de porter ces questionnements, à l’homme d’aujourd’hui, à travers les écritures et les actes artistiques contemporains lui dicte de créer, dans cette même ville, un lieu de fabrique « Le Théâtre le Vent des Signes » qui ouvre ses portes au public en 2003. Se croisent et se succèdent dans cet espace-laboratoire des artistes de toutes disciplines, dans lesquels elle reconnaît une réelle implication politique au monde – artistes conscients de la nécessité de revenir sans cesse et sans cesse sur le métier pour mieux se préparer à porter à l’autre les créations qui les engagent. Ont habité et enrichi ce lieu K-Danse/Jean-Marc Matos, Anastasia Hvan, éOle (collectif électro-acoustqiue / Odyssud : Coraline Lamaison, Enrico Clarelli, Christophe Bergon, Manuela Agnesini, Sébastien Bournac, Régis Goudot, Jacky Mérit et Pascal Dubois), Lucia Recio, Pascal Battus, Sébastien Cirotteau, Heddy Boubaker, Barre Philips, Adolfo Vargas, Christophe le Goff, Michel Doneda, Yukiko Nakamura…
Depuis 2005, elle poursuit le questionnement de son chemin artistique d’adresse à l’autre à travers la confrontation et l’exploration des rapports entre la musique improvisée et les écritures contemporaines : elle joue avec Dominique Regef (vielle à roue solo), Heddy Boubaker (saxos), Fabien Duscombs (batterie/percus), Guillaume Viltard (cb), Vincent Ferrand (cb), Luc Bouquet(batterie), Bernard Santacruz (cb), Sylvain Guérineau (saxos), Benjamin Duboc (cb)…
Maître-mot à ces mises en œuvre : comment mieux entrer en lien avec l’intime et le singulier de celui auquel sont destinés nos ouvrages artistiques ? Explorer et expérimenter avec rigueur et exigence des passages, des alliances afin que l’objet de notre proposition soit toujours plus vivifiant et vitalisant de notre vivre ensemble dans la cité.
Mes compétences :
Direction d'acteur
Jeu d'acteurs
Pas de formation renseignée