Antoine Rozès est né à Perpignan en 1951. Aujourd’hui il habite Paris, et s’échappe souvent pour photographier des moments qu’il fixe avec la rigueur et la sensibilité qui le caractérisent. Très jeune, il entre au San Francisco Art Institute (1975 ) Il restera en Californie jusqu’en 1978. Habité par les auteurs de la Beat génération, auxquels il s’intéresse bien avant son arrivée aux Etats-Unis, il s’inspire de leur vision, notamment celle de Jack Kerouac lorsqu’il réalise en 1977 sa série sur San Francisco. Le « Beat » pour Jack Kerouac évoque le rythme du jazz . Il apporte un cadrage particulier aux photos de Rozès. Le photographe cadre l’espace et le mouvement avec rigueur, fixe la trace de l’homme et immobilise les ombres avec des couleurs souvent crues. Comme Kerouac qui représentait « des scènes qui n’avaient jamais encore été vues sur la pellicule » Rozès ne met pas l’homme au centre de l’image, mais en phase avec son environnement. Les jeux d’ombres et de lumière, très crues, l’absence, le rythme, la plénitude des couleurs, capturent la trace de l’humain marquant le portrait de la ville par sa présence. « Je pense que la ville pénètre autant les gens que les personnes ne l’occupent. L’ensemble de ce qui l’entoure est aussi important que l’homme ».Le protagoniste n’est que suggéré, aperçu ce qui transforme la rue en un espace grave et ambigu, dans lequel l’humain se soumet au monde urbain. Par ce travail photographique Rozès exprime « les moments de transes où tous les éléments, décors et personnages, se mettent à vibrer ensemble dans le cadre. »
De retour à Paris dans les années 1980 il commence un travail, qu’il continue encore, autour de la chronophotographie. En cherchant à percer les secrets de l’intime, avec une recherche très personnelle, Antoine Rozès explore la façon dont l’espace est occupé d’une façon qui peut évoquer Francis Bacon. On perçoit la violence expressive des figures, son intérêt pour l’homme plutôt que pour la scène, son habileté à saisir un instant de son histoire. Il ne photographie pas le spectacle mais la figure humaine, la déforme avec talent. Le photographe rend compte du mouvement, de la réalité de l’individu, de ses sentiments, souvent dramatiques. Comme dans les portraits de Bacon, la complexité et la profondeur de l’homme est toujours reconnaissable dans les photographies d’Antoine Rozès.
Ses travaux se sont développés au cours de ses différentes séries : portraits, nus, bras, vanités, frivolités. Plus récemment il a entrepris un important travail « Lamelliformes » autour de la notion du temps chez Claude Simon.
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