Louise Sainderichin
De l'autre côté du miroir, un regard
Jeune artiste à la maturité surprenante, Louise Sainderichin nous livre un monde en noir et blanc qui est pourtant hautement coloré tant les images restent empreintes sur le fond de l'oeil et font appel à tout un peuple de créatures étranges et cependant si familière de notre inconscient collectif.
A première vue ces planches fournies nous renvoie à l'élégance d'un Beardsley (avec ce que cela implique à la fois de la maîtrise du trait, mais aussi du plein/vide, qu'exigent la gravure) mais à y regarder de plus près, l'univers froidement élégante qu'évoquait Beardsley est bien loin ; à peine sous la surface des détails à la fois drôles et dérangeantes viennent chambouler la chorégraphie des corps. Un monde de paysages parfois nocturnes où se jouent des ballets de corps tendrement malmenés; hybrides jeunes filles-cygnes ou girafes au longs cous, petits rats qui auraient avalé le gâteau d'Alice. Distendus et ainsi figés comme autant de spécimens dans un cabinet de curiosités, ces petites violences sont à peine démenties par les tons pastels qui viennent agrémenter certains dessins. Le monde animal tire plus aisément son épingle de ce jeu de cadavres exquis: autant le lapin d'Alice (figure absurde attifé d'accessoires humains) court derrière le temps, le lapin de Louise s'arrête, prend pose, en avatar assuré et presque narquois. Ici il devient lui-même miroir, ou tout du moins spectateur et témoin amusé, des hybridations ou distorsions malaisées auxquelles sont soumises les danseuses et autres personnages de Louise Sainderichin; ce rôle, il le partage parfois avec l'araignée (peut-être celle de Redon, à moins qu'elle n'ait domestiqué celle de Bourgeois…) parfois avec divers oiseaux, pourvus d'ailes et de becs on ne peut plus efficaces, mais qui tiennent, contrairement à nous autres humains, bien droits dans leurs bottes.
Louise Sainderichin en posant ainsi un regard terrible de tendresse sur son univers et sa parade nous fait côtoyer l'animal et l'imaginaire afin de mieux nous faire approcher, au final, ce que nous avons de plus éminemment humain.
Erin Lawlor
Mes compétences :
Microsoft Office
Adobe Creative Suite
Final Cut Pro ( 7 & 10)
Sketchup
AutoCAD