JE CHERCHE L’HORS DU TEMPS
Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la beauté.
René Char - Extrait de Fureur et mystère
Ce que j’aime, c’est la splendeur des choses, la grandeur des êtres et la beauté du monde. La vie est trop brève, trop fragile pour que nous puissions nous encombrer de laideur, de petitesse et de médiocrité. « Quand on ne peut plus aimer, il faut passer », a dit Nietzsche. Ma photographie ne souffre pas de s’embarrasser d’un mode d’emploi. Elle donne à respirer, à vivre, parce que, vibrante, elle est porteuse de toute l’intensité visuelle et charnelle du monde. Sensuelle et spirituelle, elle est « en amour ». Ma vision de l’art porte au-delà des discours et des concepts. Elle est possession sauvage et dépassement de toute possession : liberté. Ma photographie donne des ailes, elle décante et purifie, elle chante. Elle s’allie à la plus puissante clameur du monde : son silence en extase. Le chemin se conjugue au présent, dans chaque lever de soleil qui nous étreint. Car l’astre de vie ne cesse de s’allumer et de s’éteindre, de part et d’autre des horizons multipliés.
Ma création et mon combat sont ceux d'un militant de la beauté, d'un moissonneur d'étoiles. Plus encore qu’au temps de Dada et de Duchamp, le monde est au bord du vide et la planète va dans le mur. Nous avons vu Auschwitz et Hiroshima. Selon de froides statistiques un enfant meurt de faim toutes les sept secondes et un être devient aveugle faute de vitamines toutes les quatre minutes. Et pourtant il ne faut pas désespérer, il ne faut pas se suicider, il faut faire mieux que survivre, il faut lutter, il faut aimer, il faut s’indigner et s’émerveiller, il faut vivre. Et l’artiste, pour autant qu’il mérite ce nom, n’est pas là pour « faire le beau » d’un air canin pour avoir l’air malin.
Le propre des arts visuels n'est pas de gloser mais de travailler sur la puissance évocatrice des formes, de les porter à un tel niveau d'intensité, à un tel degré d'incandescence, qu'on perçoit soudain l'œuvre traversée par une impalpable présence, au-delà d'elle-même. Présence que l'on serait bien en peine d'expliquer, aussi spirituelle et aussi charnelle en son acmé que l'amour fou. En nous conduisant vers l'essentiel, vers ce meilleur de nous-mêmes par l'approche du cœur de l'Etre contre le consumérisme des dévots de l'Avoir, les œuvres d'art traversent notre époque tiède et blasée avec cette irréductible aura de mystère qui donne le frisson et l'espoir, qui soulève les belles colères ou éveille plaisir et passion.
Au-delà des égarements qui ont conduit à un divorce entre l’époque et une grande partie de ce qu’il est convenu d’appeler « l’art contemporain », il s'agit de s'intéresser à la photographie en ce qu'elle révèle d'obscur et de lumineux, à la photographie en tant qu’approche du numineux (du latin numen : divinité, puissance divine), du sacré. Qu'est-ce que le sacré, me dira-t-on ? C'est tout ce que je ne pourrais vous dire mais qu'au travers de l'œuvre on parviendra peut-être à sentir. « J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or », écrivait Baudelaire. Et par « or », il faut bien sûr entendre la seule vraie richesse, notre poétique vérité, pas les lingots qu'on empile pour, à son dernier souffle, prononcer avec un ultime regret « Rosebud ». La tâche de l'artiste reste la même, celle d'un alchimiste qui dévoile et transcende.
Je ne cherche pas, je trouve… Picasso…
Je cherche l’or du temps… André Breton…
Oui… C’est cela… je cherche l’hors du temps !
Xavier Zimbardo
Mes compétences :
Direction artistique
Littérature
Photographie
Pas d'entreprise renseignée
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