Le fil rouge qui relie le sujet, la technique de prise de vue et du tirage est le temps.
Au départ, il y avait le besoin d’habiter le négatif, de saisir l’immuable, de s’arrêter, poser la chambre et exposer longtemps, comme si une telle exposition était capable d’abraser la réalité jusqu’au fond en ne laissant que l’essentiel.
Une si longue exposition rend la composition de l’image imprévisible : les passants; le vent qui souffle, le monde qui bouge et remue, tous ces éléments sur lesquels on n’a pas de prise en dehors du studio, font un va-et-vient devant l’appareil, certains curieux s’arrêtent en me regardant faire ou plutôt de ne rien faire – attendant – quoi ?
La camera obscura exige un travail de fond tout à fait différent de celui auquel on est habitué, après des années de travail avec un reflex ; elle impose une mise en retrait par rapport à la scène photographiée, une réflexion différente sur le sujet et sur ce que l’on saisi en sachant que la scène qui se déroule sous nos yeux ne sera pas prise telle que nous la voyons mais avec un décalage, aussi bien du temps que du mouvement.
Les deux techniques – la camera obscura et la gomme bichromatée demandent un détachement de la réalité immédiate, un retrait intérieur, une sorte d’accord de photographier l’imprévisible et de le rendre par une technique qui l’est tout autant.
Pas de formation renseignée