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Eric MONNIER

BORDEAUX

En résumé

Présentation de mon état d'esprit par Lao-Tseu :

« Savoir
Et se dire que l'on ne sait pas
Est bien.
Ne pas savoir
Et se dire que l'on sait
Conduit à la difficulté.

Être conscient de la difficulté
Permet de l'éviter.
Le sage ne rencontre pas de difficultés
Car il vit dans la conscience des difficultés
Et donc, n'en souffre pas ».

Voilà mon Chemin et si Tu le Veux, Croise le Mien :

Transmettre et Faire Lien.
Former sans Formater.
S'éduquer en éduquant.
Chercher sans Trouver.

Et se retrouver : Enfin.


Mes compétences :
Savoir et me dire que je ne sais pas

Entreprises

  • IRTS Aquitaine, TD Humour et Pédagogie - Formateur vacataire

    2011 - 2015 Description du TD que je propose également de travailler en institution :
    Il est rare que le pédagogue fasse rire. Comme le souligne P. Meirieu, « de Rousseau à Pestalozzi, de Decroly à Montessori, de Makarenko à Freinet, la plupart des textes que l'on nomme « pédagogiques » ne brillent guère par leur humour. Et pourtant, P. Guillot explique que « l'humour n'est pas simplement un jeu gratuit mais une attitude pédagogique de relativisation. L'humour métisse la lucidité et la ludicité : il ouvre à une poétique de la compréhension. » Ce TD invitera donc les étudiant(e)s à construire son identité professionnelle par une confrontation aux grands pédagogues qui nous ont précédés en s'appuyant sur des expériences de terrain en ayant à l'esprit qu'une réflexion sur l'humour en éducation peut permettre de bifurquer hors des autoroutes bien balisées de la Didactique. Ne l'oublions pas : « le pédagogue » selon Jean Houssaye, « est celui qui cherche à conjoindre la théorie et la pratique à partir de sa propre action. »

    METHODOLOGIE : A partir de questions de terrain, débat autour de la pratique de chacun(e) au cas par cas. Puis échanges d'ouvrages en lien avec nos questionnements respectifs en faisant référence aux grands pédagogues. Enfin lectures croisées de textes littéraires, philosophiques, poétiques voire humoristiques... Je dois à Eric Lucy que cet espace existe : merci à lui.
  • Institut Régional du Travail Social Aquitaine de Talence - Formateur vacataire

    2006 - maintenant Intervenant auprès des travailleurs sociaux (ES, ME, AS, TISF) dans le cadre de TD (humour et pédagogie), en VAE (construction d'un cadre d'analyse et d'une expertise des pratiques éducatives et sociales) et en sciences de l'éducation (autour des grands pédagogues).
  • IRTS VAE - Formateur vacataire, expertise des pratiques éducatives et sociales

    2006 - 2015 « De cette expérience, j'ai du moins retiré grande révérence pour toute personne qui sait faire
    quelque chose » (Paul Valéry)
    Si je devais proposer un intitulé plus concis à cette intervention tout en gardant sa
    philosophie je la nommerais : « Tirer sa référence ». Au-delà d'une forme de révérence que nous devons aux grand(e)s pédagogues ou autres illustres théoricien(ne)s qui nous ont précédés, c'est une réflexion croisée, un métier à tisser avec eux, donc une rencontre singulière que je vous propose en partant de vos acquis et de votre propre expérience. Car dans nos métiers liés à l'éducation il est nécessaire, voire indispensable de « prêter une attention permanente à l'évolution des connaissances techniques et théoriques du champ social ou éducatif afin de maintenir une pratique adaptée à ces évolutions ».
    « S'impliquer dans une structure sociale ou au sein d'une équipe éducative et dans un
    travail pluridisciplinaire et coopératif de personnes relevant de professionnalités différentes »
    exige de s'appuyer sur une une histoire commune, mais aussi sur des styles d'intervention variés,avec comme pierre angulaire la clinique, véritable terreau d'un « travail à plusieurs » afin d'apprendre à accueillir toutes les différences : celle du sujet mais aussi celle du professionnel.
    Ainsi, « l'échange des informations nécessaires aux besoins d'un milieu professionnel au sein duquel la communication est à la fois institutionnelle et informelle », est à encourager dans le but de s'impliquer dans un travail d'équipe, en cultivant ambiance et confiance.
    Puisque que nous sommes à l'IRTS Aquitaine, dans le bordelais, nous nous réfèrerons dans
    cet avant-propos à Claude Allione, qui met en oeuvre une conception originale de régulation dans les institutions de Santé mentale et de travail social, et qui nous rappelle que « dans tous les pays du monde, lorsque le vigneron élève son vin dans une barrique, la porosité du bois qui en constitue les parois laisse s'évaporer une partie des liquides dans une proportion que l'on ne saurait négliger.
    On appelle cette évaporation : la part des anges. Jour près jour, le paysan compense cette part des anges en ajoutant du vin. On appelle cette compensation : l'ouillage. La plupart des grands vins qui réjouissent nos coeurs sont nés dans ces conditions. Une institution de soin, médico-sociale ou d'éducation, c'est un être vivant comme l'est aussi un vin. Ici, les anges sont les rêves, et si les institutions écartent cette part du rêve, cette part offerte au rêve, elles s'étiolent, se referment, et ne produisent plus les effets escomptés. Ce rêve, c'est la régulation qui le fournit ou plutôt qui l'entretient (je rajouterais ici, la formation et bien sûr la VAE). Si aucun régulateur ne vient plus accomplir cet ouillage dans le tonneau institutionnel, alors la pratique s'évente, s'aigrit, et finalement se mut en vinaigre. Pour vivre, une institution a besoin de cette part de rêve qui semble être une perte de prime abord ; mais cette perte est indispensable, à l'instar des vins les plus précieux, pour lui assurer structure et qualité. Cette perte est en définitive un gain. »
    Bref, voici les objectifs « principes-hauts » : Il s'agira de s'initier à la démarche de
    recherche et, plus précisément, de savoir construire une problématisation et des hypothèses de compréhension et de recherche-action à partir de situations concrètes de terrain. L'objectif sera non seulement de savoir consolider et faire évoluer sa pratique et ses connaissances mais d'y intégrer les dimensions théoriques et de s'y référer pour déployer sa réflexion et sa démarche d'action. A terme, cela doit permettre au candidat de savoir partager ses acquis professionnels et faire progresser ses savoirs professionnels et contribuer à la culture professionnelle l'éducation ou plus largement du champ de l'intervention sociale. Merci encore pour votre confiance Laure Andrzejewski.
  • ADAPEI 33 - Educateur Spécialisé & Maître d'apprentissage

    Lyon 2003 - maintenant  Educateur Spécialisé, tuteur référent et Maître d'apprentissage sur l'Unité Thérapeutique à l'Institut Médico-Educatif de Saint-Laurent du Médoc accueillant des sujets psychotiques ou autistes (33)
  • ADAPEI, Atelier MUSIQUE - Educateur spécialisé

    2003 - 2015 L’esprit de l’atelier musique que je propose part d’une définition en lien avec mon grand intérêt pour le pianiste virtuose qu’était Glenn Gould dont je ne me lasse pas d’écouter ses « Variations Goldberg » de Bach. Voici cette définition proposée par Michel Schneider : « La musique est notre revanche sur les mots (j’ajouterais les « maux) : la parole noyée ne raisonne plus. Seule la voix, alors, la voix sans mots qu’on entend dans le plaisir ou la souffrance ». Schneider poursuit sa narration sur Gould et à la lecture j’eus l’impression qu’il parlait de ce qui « se passait » dans notre atelier avec des adolescents psychotiques : « J’aime cette idée que la musique puisse finalement n’être que cela : un appel de longue distance. On joue, on sait qui on appelle. On ignore qui on appelle en soi. Un simple vibration de l’air entre deux lointains, une ligne bruissante joignant deux êtres dont on ne sait rien, sinon qu’ils sont perdus » . Non seulement Gould me comble à chaque écoute mais de plus il m’aide à comprendre la relation éducative. Ce dernier était à la recherche de quelque chose d’impossible, qu’il nomme , à propos des « Variations Goldberg », « l’incorporalité » de la musique. La musique ? Comme un corps en souffrance : des cordes soumises à des tensions incroyables, des étirements de peaux, des colonnes de vent emprisonnées dans des tuyaux de métal, des anches que le souffle fait trembler. Toute cette vibration mathématique de la matière pour seulement déplacer un peu d’air selon certaines fréquences. Et c’est cette pauvre chose qui rend audible le déjà plus et le pas encore ; qui cause une infime et immense vacillation de l’espace sur lui-même. Nous constatons une fois de plus tout l’intérêt d’un atelier musical pour des sujets psychotiques pour travailler dans cette espace –temps si singulier. Gould pensait encore que la visée de l’art n’était pas le déclenchement d’une sécrétion momentanée d’adrénaline, mais la construction progressive, sur la durée d’une vie entière, d’un état d’émerveillement et de sérénité. A notre échelle d’éducateur, nous voulons modestement essayer, avec ces adolescents, par l’intermédiaire de la musique, de trouver quelques moments de cet apaisement dont parle Gould. Car si, comme il l’affirme, « la musique sépare… lorsque des bribes de musique me pénètrent l’esprit, j’ai une curieuse façon de perdre le contact… », nous pouvons espérer que le sujet psychotique, le temps d’un atelier au début, puisse un peu perdre le contact lui aussi, se séparer progressivement de l’emprise de l’Autre.
  • ADAPEI, atelier CIRQUE - Educateur spécialisé

    2002 - 2015 Ecrire un texte à propos du projet cirque de l'IME du Médoc c'est l'occasion pour nous de faire un peu d'histoire voire de revenir aux « fondamentaux » comme le dirait si bien Roland Pareau.
    En effet, dans son bel ouvrage « Un cirque pour l'éducation », Hugues Hotier nous rappelle que la Fédération Française de Cirque Adapté a été créée en 1992 à Aire sur Adour et s'appuie sur des expériences menées auprès d'handicapés moteurs, mentaux ou ayant des difficultés d'intégration sociale. Comme l'écrivent les promoteurs de cette école de cirque : "Pour nous, les arts du cirque sont ici des outils au service de la personne dans des buts à visée pédagogique, éducative ou thérapeutique. »
    Leur pédagogie, comme le souligne l’auteur, inspirée des courants fondés sur les méthodes actives (Freinet, Montessori...) servit de référence pour mettre en place le premier atelier cirque à l'IME du Médoc sous l'impulsion de Christophe N'Guyen (CESF) avec son « jeune » stagiaire Eric Monnier (ES) en 2002 : « Ici plus qu'ailleurs, le respect de la personne est capital. Ici, le cirque n'est pas seulement un lieu de créativité mais aussi un moyen de reconstruction personnelle et de réhabilitation. »
    C’est avec du matériel récupéré à la suite d'un don (un ancien artiste de music-hall) et l'arrivée de Roland Pareau ( ETS ), très vite rejoint par Julien Grenouillet (professeur EPSA) que cet atelier prit un nouvel essor avec des projets plus ambitieux encore. Ainsi, les premières initiatives pour proposer des spectacles à l'extérieur voient le jour tout d’abord en foyer de vie afin que les jeunes puissent découvrir « autrement » leurs éventuels futurs lieux de vie. Par la suite d'autres établissements divers et variés devinrent l'écrin de représentations aussi riches que joyeuses : maisons de retraite, écoles primaires voire même l'IRTS de Talence, lieu de formation de futurs travailleurs sociaux (merci Monsieur David Guergo) !
    Sur le terrain, nous avons tous les trois, fait le même constat et nous rejoignons encore les propos d'Hugues Hotier : « le cirque est un outil magique et beau qui stimule l'image positive de soi et de l'autre, ce qui aide à l'intégration , la remobilisation, la Rencontre de tout handicapé avec l'environnement social. Cet outil pédagogique et ludique procure du plaisir. La notion du corps en mouvement, puis la mise en actes des fonctions du corps entraînent un épanouissement global de la personne. »
    Au fil des semaines, des années et des spectacles, les jeunes se sont forgés une belle expérience et c'est à l'automne 2012, par l'intermédiaire de Maryse Cassagne, une éducatrice de l'IME, que nous avons su qu'un appel à projet jeune était organisé par la Mutuelle Sociale Agricole. Nous avons alors accompagné un petit groupe au siège de la MSA à Bordeaux pour qu'ils présentent seuls, en toute autonomie et devant le jury, le projet « L'IME fait son cirque ». Ils ont décroché brillamment le prix régional et furent retenus pour présenter ce projet au niveau national à Paris. C'est dans la capitale, après un voyage en TGV mémorable (c'était le premier trajet en train pour l'un des artistes), qu'ils reçurent le prix spécial du jury à la fin février 2013 au beau milieu du salon de l'agriculture. Quelle belle aventure pour eux comme pour nous-mêmes !
    Bravo à Cyril, Nicolas, Louis, Léa, Margaux, Christophe, Alexandre, Anthony, Anaïs, Nathan, Alisson, Jordan, Benjamin, Kevin, Michael et Clément !!!
    A la rentrée 2013, « la grande famille » du cirque s'est encore agrandie et les financements généreusement octroyés par la MSA ont permis d'acheter du nouveau matériel : balles multicolores, massues argentées, assiettes chinoises, foulards volants, rubans dansants, diabolos bondissants, anneaux récalcitrants n'ont plus qu'à bien se tenir ! De nouveaux partenariats (comme l'association Asphyxie de Blanquefort) sont en cours pour accompagner tous ces artistes vers de nouveaux cieux et ils préparent déjà leur nouveau spectacle pour la tournée 2014.
    Notre calendrier étant en cours d’élaboration, n’hésitez pas à contacter l’IME du Médoc pour tous spectacles éventuels
    Bref, comme on dit dans le métier, et en applaudissant encore tous ces jeunes pour cette expérience de vie qu'est véritablement le cirque : « The show must go on !
  • Hôpital de jour de la Demi-Lune, Villenave d'Ornon (33) - Educateur stagiaire

    2001 - 2002 Très belle expérience où j'ai pu me laisser enseigner par les jeunes accueillis encadrés par une équipe soignante formidable. En l'occurrence : Philippe Lacadée (psychiatre, psychanalyste auteur entre autres du "Malentendu de l'enfant", éclairant et passionnant ouvrage), Michèle Rassis (éducatrice référente) et Daniel Sallenave ( joyeux et inoubliable enseignant ). Selon Philippe Lacadée, « si un public de plus en plus nombreux est averti d'une telle expérience, reste un certain malentendu sur ce qu'est la psychanalyse avec les enfants. Jacques Lacan affirmait à ce propos avoir quelque chose de tout à fait simple à transmettre : l'analyse est une pratique de langage, une pratique de bavardage au sens noble du terme. Afin de dissoudre tout malentendu sur cette pratique, il invitait à la lecture des trois livres fondamentaux de Freud – ceux qui concernent sa découverte et qui démontrent qu'il n'y a pas d'autre appréhension du fait psychanalytique que celle du langage, de la parole, celle de l'enfant ou celle de l'analyste. A tous les travailleurs sociaux, je vous propose cette dernière citation de Monsieur Lacadée, lui qui écoute tant : « la meilleure récompense « d'un praticien d'enfants » tient justement aux surprises qu'ouvre la voie du malentendu qu'un savoir préétabli risquerait d'oblitérer ».
  • Institut Médico-Psycho-Pédagogique, OREAG, Bordeaux - Instituteur spécialisé

    1995 - 2000 Je me souviens d'un jeune enfant qui ne pouvait pas investir la classe. A l'époque ça parlait de "dysharmonie évolutive à versant psychotique" à son sujet. Savoir ne pas savoir dans ce cas là m'a permis encore une fois que ce soit l'enfant qui trouve sa solution. Il a commencé à faire une cabane dans la classe sous sa table, avec des bouts de carton et de vieux tissus. Je l'ai laissé faire. Je ne savais pas si je faisais une erreur ou pas. Puis, quelques temps plus tard je "tombe" sur ce passage : " construire une cabane dans la classe signifie en effet que, dans la classe, il y a deux lieux : celui du maître, celui de l'élève. Cela brise de l'intérieur même le cercle englobant de la classe. Etant dans la classe malgré tout, il y a certaines règles à respecter : ne pas faire trop de bruit dans la cabane, établir des lois de circulation et d'occupation, d'où le caractère non régressif de la cabane, qui n'est pas le "lieu bon" dans la "classe mauvaise", mais un des lieux possibles qui exige le respect d'une loi". Avec l'instauration de la cabane, ce jeune enfant alla beaucoup mieux et accéda à quelques apprentissages scolaires. Merci Eric Debarbieux, que je cite plus haut, et que j'ai pu écouter avec grand intérêt en sciences de l'éducation à Bordeaux.
  • Ecole Saint-Louis-Blaise-Pascal, Choisy-Le-Roi - Instituteur

    1992 - 1994 Je me souviens d'une petite école tranquille en région parisienne où j'enseignais en CM2. Juste à côté se trouvait Geneviève Ménager dans sa classe de perfectionnement (ancienne CLIS). C'est elle qui m'a transmis cet intérêt pour "Des élèves en difficulté", titre de son bel ouvrage paru aux éditions L'Harmattan qu'elle m'avait gentiment dédicacé en 1996 : "Un moine copiste de ma (mé)connaissance, beaucoup ange exterminateur, passionnément père(turbateur), à la folie
    déconstructeur, pas du tout maître en sa demeure." Elle m'a aussi permis de rencontrer Rémi Hess et ainsi continuer mes études universitaires à Paris 8. Un grand merci Geneviève !
  • Ecole de la Vie de l'Amitié et de la Sérendipité - Apprenti lecteur

    1992 - 2015 Il est dommage, lorsque l’on relate un parcours, de ne pas évoquer les rencontres amicales qui ont été déterminantes pour l’Eveil de la personne : le fait pour quelqu’un de commencer à s’intéresser à quelque chose et le comprendre. Ce n’est peut-être pas le lieu et pourtant… Je veux donc ici saluer deux personnes en particulier. Commençons par Hervé Soulas. Ce premier, en plus d’être un surfeur et skateur émérite, a aussi « passé » une thèse en littérature comparée autour de l’oeuvre de Thomas Bernhard. C’est grâce à lui, que j’ai pu découvrir et lire toute son œuvre en prose. Son univers littéraire est indissociable de ma pensée. Merci Hervé, mon professeur de littérature, grand lecteur de Carl Gustav Jung également qui m'a appris que " Tout ce qui ne remonte pas à la conscience, revient sous forme de destin. »
    Rappelons que Thomas Bernhard (1931-1989) est autrichien. Il a fait des études de violon et de chant, interrompues, dans sa jeunesse, par la tuberculose. Il fut musicologue, acteur, chroniqueur judiciaire, poète. Et, à partir de l’âge de trente ans, avec une ferveur exclusive, romancier et dramaturge. Misanthrope, il avait horreur des milieux artistiques et de tous ceux où il n’est pas question d’art. Il lisait frénétiquement la presse, qu’il vomissait, insultait régulièrement les jurés des prix littéraires, qui ne manquaient pas, à chacune de ses publications, de le récompenser. La pensée de la mort ne le quittait pas. C’était l’unique rendez-vous dont il était sûr. Thomas Bernhard qui pensa un moment à devenir chef d’orchestre, compose ses livres dans une parfaite maîtrise musicale. La variation est sa forme de prédilection. Il s’est affronté à la poésie, à la prose, au théâtre, par la logique d’une passion qui fait de lui, d’abord un instrumentaliste de la langue. Ce qu’il écrit de Glenn Gould, reprenant à l’infini les Variations Goldberg, avec des changements de vitesse spectaculaire, est aussi vrai pour lui. Il ne cesse de répéter les mêmes thèmes, qu’il module sur des rythmes variés, les étirant sur tout un roman, ou les jouant en assise, le temps d’une phrase.
    La seconde personne s’appelle Vincent Gicquel. Surfeur lui aussi, c’est à la peinture qu’il s’adonne. Voici son auto-portrait : « Un programme comico-tragique, une peinture de la dérision, l'oeuvre de Vincent Gicquel est l'oeuvre d'un comique qui laisse apparaître ou deviner tout ce qu'il y a de ridicule et d'horriblement banal dans l'existence humaine. Dans ces tableaux, l'homme devient alors l'unique sujet, l'unique vestige campé au beau milieu d'un monde où tout semble avoir disparu. Il n'y a là ni paysage, ni décor, rien à quoi nous pourrions nous raccrocher.
    Dans cet univers privé d'illusion, l'homme oeuvre à sa manière dans une solitude implacable, dans une indifférence générale où les regards ne se croisent jamais. Il s'agrippe à ce qui semble être devenu l'unique raison de son existence : ce qu'il est en train de faire. L'aspect mécanique de ses gestes, sa pantomime privée de sens rendent insignifiant tout ce qui l'entoure. En somme, puisqu'il n'existe aucun monde dont nous pourrions produire une image, ni aucune certitude à laquelle il nous serait possible d'adhérer, la peinture doit renoncer à toute ambition descriptive.
    La peinture de Vincent Gicquel résulte de la découverte des aspects contradictoires des faits, des aspects paradoxaux de chacun de nos actes. Pour lui notre existence est formée de la substance la plus impalpable qui soit, celle des questions qui restent sans réponse. Ce qui nous déstabilise ici, c'est le désir de comprendre. Devant ces tableaux il n'est qu'une seule issue : accepter de sentir que tout se dérobe à notre préhension, que notre recherche de sens est irréfragablement vaine. Peu importe les raisons pour lesquelles ces personnages se débattent, peu importe les raisons pour lesquelles ils s'agitent et peu importe ce qu'ils font : l'important c'est qu'ils fassent quelque chose. L'important c'est l'effort que l'homme accomplit pour survivre.
     L'humour devient alors indispensable, le rire : salvateur. L'une des clés qui permettrait d'aborder cette oeuvre tient dans sa structure comico-tragique. Le rire de Vincent Gicquel est une révolte de l'esprit contre l'absurde. Un rire né d'une conception de la vie « sub speciae ironiae », résultant d'une prise de conscience de la condition humaine. Tout, n'est que divertissement, dérivatif à la mort. Chacune de ces toiles constitue le point d'incidence d'une réflexion ; le miroir fidèle de la réalité dans lequel l'homme vient se réfléchir.
    « Le seul sujet possible c'est moi, c'est mon rapport au monde. Il n'y a rien dans ma peinture qui ne soit pas lié au peintre que je suis, rien qui ne soit pas en lien direct avec le processus même de la création. Chaque tableau sert à tenir un discours sur le seul sujet auquel il peut être associé: l'acte de peindre. Tous mes personnages sont occupés à des tâches indéfinissables, mobilisés dans l'exercice d'une activité qui semble être toute la raison de leur existence. Jour après jour ils répètent inlassablement les mêmes gestes avec application, détermination et semblent être les seuls à savoir véritablement ce qu'ils font. Il n'y a rien d'énigmatique, rien à résoudre, rien à comprendre. Je m'attache juste à mettre en lumière l'absurdité de tout acte, et ne fais qu'insister toile après toile sur leur indispensabilité. Le sens échappera toujours à ses poursuivants et chaque tentative d'explication sera vouée à l'échec. Seule une certaine dose d'humour ou une réelle passion pour l'absurde peut nous aider à apprécier ma peinture et le monde dans lequel nous vivons. Rien n'a jamais vraiment changé et rien ne changera jamais. Mon regard et l'oeuvre à laquelle je m'attache me permettent juste de décaler un peu les choses. Les gens, eux, se poseront les questions qu'ils veulent. Sur leur propre condition, leur place dans l'univers, leurs certitudes, sur la mort et sur l'importance de l'humour. Car s'il n'y a effectivement rien à comprendre dans ce monde, il y a bien des choses risibles. »
    Merci Vincent : mon professeur de peinture !
  • Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique - Sauveteur en Mer

    1988 - 2003 15 saisons estivales en tant que sauveteur et toujours surfeur sur la côte girondine. Dans un entretien accordé en 1985 à L'Autre Journal, Gilles Deleuze disait : « Tous les nouveaux sports - surf, planche à voile... - sont du type insertion sur une onde préexistante. Comment se faire accepter dans le mouvement d'une grande vague, d'une colonne d'air, “arriver entre” au lieu d'être origine d'un effort, c'est fondamental. » (Entretien de Gilles Deleuze republié, ainsi que d'autres, dans Pourparlers, Éd. Minuit, 1990). Quand on pense à l'homme qu'il était, rappelle Gibus de Soultrait, tenu à demeurer chez lui à Paris, à cause d'une santé déficiente, on s'étonne qu'il ait pu si justement percevoir l'écho de nos vagues et notre façon de se faire prendre par elles en surfant.

Formations

  • AFMR Etcharry

    Etcharry 2001 - 2003 DIPLÔME d' ETAT d' EDUCATEUR SPECIALISE

    Titre du Mémoire : VA SAVOIR ?
    D'une question préliminaire à tout atelier possible avec le sujet psychotique
    Ce mémoire s’appuie sur mon stage effectué dans un IME (Institut Médico Educatif) accueillant, en théorie, des jeunes ayant entre 5 et 20 ans et présentant des pathologies très variées qui vont du simple retard mental à la psychose infantile ou l’autisme.
  • Université Bordeaux 2 Victor Segalen

    Bordeaux 1999 - 2000 Une année très enrichissante grâce au Professeur Alain Baudrit, maître de conférences sur le thème du tutorat. Un choix cornélien se présenta à moi cette année-là : valider ce DEA (ce qu'il n'est pas) ou partir au Pays Basque pour me former au métier d'éducateur. L'appel des montagnes vers le château du "cercle des poètes disparus" (incarné bel et bien par Michel Dubic) orienta mon destin.
  • Université Paris

    Paris 1994 - 1995 Maîtrise en Sciences de l'Education

    Titre du mémoire : L'ELEVE, L'AUTRE DU MAÎTRE
    Mention très bien

    Cette année-là, j'ai eu la chance de rencontrer trois figures intellectuelles de renom qui m'ont profondément marqué. Rémi Hess, mon directeur de recherche spécialiste de l'analyse institutionnelle, de la danse de couple, de la pratique du journal de recherche, et de l'ethnographie de l'éducation (après des études à Reims, il est
  • Université Bordeaux II

    Talence 1991 - 1992 Licence des Sciences de l'Education

    Comme La Sphinge, Geneviève Lombard (agrégée de philosophie et psychanalyste) est celle qui m’a enseigné le langage et transmis le savoir. C’est elle qui, la première, m’a fait comprendre « L’allégorie de la caverne » et sortit de l’Ombre. L'allégorie de la caverne est une allégorie exposée par Platon dans le Livre VII de La République. Elle met en scène des hommes enchaînés et immobilisés dans un
  • Université Bordeaux II

    Talence 1990 - 1991 Diplôme d'Etude Universitaire en Sciences Pédagogiques

    Je me souviens très bien du Professeur Jean Darriet et de son allure becketienne. Son cours intitulé "Approche des concepts kleiniens et winnicottiens, qu'il nous proposait souvent en soirée, était passionnant. En le voyant, j'avais souvent cette citation de Freud en tête lorsqu'il était lui-même étudiant : "Je ne sais pas ce qui nous sollicita le plus fortement et fût pour nous le plus important
  • Ecole Supérieure Du Génie Militaire

    Versailles 1986 - 1987 - "Adjudant Girois, service des sports, toujours bienveillant, je vous salue bien bas !"
    - "Sapeur Monnier, contingent 86/10, section Duhamel mon adjudant !"
  • Université Paris 5 René Descartes

    Paris 1984 - 1986 Ce que j'ai appris durant cette période où je passais mon temps à jouer avec un "référentiel bondissant" ce résume par cette formule de Pierre Dac : "Il est idiot de monter une côte à bicyclette quand il suffit de se retourner pour la descendre."
  • Lycée Georges Brassens

    Villeneuve Le Roi 1982 - 1983 Baccalauréat A5

    Auteurs étudiés en Terminale : Nietzsche, Freud et Platon ! Et oui déjà...
    Langues étudiées : anglais, allemand, russe.

Réseau

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