NANTES
La société aujourd'hui nous autorise-t-elle le droit d'être abstrait ?
L'art transpose sur "le champ esthétique" les modes de vie, les événements, la vision, les croyances et les préoccupations d'une époque. Or, les préoccupations qui marquent aujourd'hui notre époque sont surtout d'ordre économique. Si la question économique est par le passé le fait de philosophes, des pouvoirs politiques et des hommes d'affaires, elle engage progressivement toute la société, y compris les acteurs du milieu de l'art, dont la figure principale est l'artiste.
Il est pourtant de plus en plus difficile de s'exprimer au sein du système, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle. Cette absence d'expression provoque la sécrétion d'une multitude d'énergies non assouvies. Elle déclenche un signal dans notre cerveau. La nervosité s'installe.
L'abstraction ne saurait être indifférente à la problématique du souci de rentabilité infligé par notre société : l'abstraction est justement la résultante d'une sécrétion de frustrations. Elle est un moyen de s'exprimer en totale liberté. De se retrouver face à soi-même. De s'imposer le droit de penser... Aucune règle. Aucune pression. Aucun délai à respecter. Aucun profit. Aucune hiérarchie. Aucun formatage. Aucun respect de la charte. Aucune contrainte technique. Aucun souci de bien-faire. Aucune politesse. Aucun compte à rendre.
Moi, je m'accorde le droit d'être abstrait.
Pas de formation renseignée
