De mon enfance au Pays basque, il ne me reste que peu de souvenirs : une tempête de vent avec des arbres jonchant le sol, des promenades en montagne et au bord de la mer, une foire aux chevaux (pottocks) à Espelette. Nous habitons ensuite une grande ville, Rouen, et en dehors de l'école et de la maison, je passe la plupart de mon temps, avec une bande de copains dans un vallon verdoyant, abandonné des promoteurs, non loin de la cité HLM où nous demeurons.
Là, s'éveillent nos passions et nos rêves...
Abreuvé des romans d'Oliver Curwood et de Fenimore Cooper, c'est tout naturellement que je me retrouve pendant l'année 80, à travailler dans une écurie de tourisme équestre à Eygalières, en Provence. C'est là, dans ce cadre pittoresque et médiéval, que vont se concrétiser mes rêves d'aventures avec le cheval, cet animal qui pendant plus de deux mille ans a rendu service à l'homme. Je décide alors de me perfectionner au Centre Régional des Enseignements Touristiques de Barcelonnette dans les Alpes de haute provence. Je passe mes examens équestres.
J'entreprends alors mon premier périple à cheval, en solitaire, à 19 ans. Un parcours initiatique de mille kilomètres, un voyage marquant qui guide encore aujourd'hui ma vie. Je renouvellerai professionnellement cette expérience vingt ans plus tard de Fréjus à Saint-Jacques de Compostelle...
photo praticien Vincent Folatre
J'ai essayé ensuite presque toutes les disciplines équestres, CSO (Concours de Saut d'Obstacle), dressage complet, cirque, haute école, horse-ball, attelage, élevage, voltige…Bien que toutes soient grisantes, aucune ne s'inscrit complètement dans un espace naturel et dans un déplacement prolongé. A l'inverse, la randonnée équestre offre un savoureux mélange de nature, d'endurance, de communication avec ses semblables et son environnement. J'ai pratiqué l'équithérapie d'abord de manière instinctive pendant 20 ans à travers le métier de guide équestre. C'est par l'observation de milliers de personnes, cavaliers confirmés ou simples débutants, que j'ai emmenés à cheval par monts et vallées : petits grands, obèses, vieux, dépressifs, alcooliques , délinquants, enfants adolescents, jeunes filles, mères de famille, militaires, chefs d'entreprises, médecins, chômeurs, caissières, accidentés, agressés, phobiques, autistes, trisomiques…Tous ont eu quelque chose de spontané et de très vivant à communiquer de leur vie, avant, pendant ou après la randonnée, soit par la parole, soit par l'intermédiaire de leur corps. J'ai ainsi pris conscience, peu à peu, de l'importance d'un accompagnement psychologique centré sur les besoins de la « personne », et non plus vers un objectif d'équitation, pour m'orienter vers une thérapie véritable, incluant une communication authentique avec le cheval.
photo praticien Vincent Folatre
Après une expérience de développement personnel liée, entre autres, à la paternité, à la rencontre avec des thérapeutes expérimentés dans la relation d'aide (tendance C.G Jung et Carl Rogers), j‘ai constaté que je pouvais déjà utiliser mes compétences en direction de personnes en difficulté. J'ai vu aussi mes limites en matière de formation psychologique. C'est la raison pour laquelle j'ai recherché une formation me permettant de mieux comprendre et mieux situer mon action, de susciter une confrontation de mon expérience avec une approche théorique en sciences humaines ainsi qu'avec d'autres thérapeutes.
Cette expérience dans un groupe de développement m'a paru fondamentale. Je m'inscris parfaitement dans ce que Max Pages exprime :
"Parfois dans la psychothérapie, dans une groupe de formation, dans l'existence quotidienne, affleure une expérience fondamentale qui éclaire rétrospectivement les développements antérieurs et vers laquelle il semblait tendre. C'est une expérience qui restant le plus souvent inconsciente, est selon nous directrice du comportement de l'individu et du groupe. Elle est difficile à décrire car elle comporte de nombreux aspects qui cependant n'en rompent pas l'unité […]. Il semble qu'il y ait, profondément enfoui dans l'expérience de chacun, un lieu où convergent les sentiments dans une unité qui n'est pas indifférenciée mais organique…"
("La vie affective des groupes" de Max Pages, Edition Dunod) Mon attente a été comblée... C'est donc dans un contexte d'expériences de terrain qu'est survenu le besoin d'étudier, au Collège Universitaire Privée des sciences humaines à Paris.
Ma mémoire est aussi notre mémoire, celle de ceux qui nous ont précédé et, plus anciennes encore celles des animaux, des forêts, des rochers et des étoiles. Je travaille en effet en pleine nature. La relation thérapeutique que peut avoir le cheval avec l'être humain, est un acte passionnément et douloureusement personnel pour qui n'a pas eu comme moi, d'autres repères que le monde des chevaux, la nature et le contexte économique actuel. C'est également une démarche caractéristique de ma personnalité, des mécanismes de défenses, du désir et de la volonté qui m'animent. L'évolution personnelle de mon être dans sa splendeur et son chaos, entre la lumière et les ténèbres, toujours en cours, y transparaît inévitablement.
photo praticien Vincent Folatre
Ce qui m'anime aujourd'hui, c'est le besoin de communiquer, de rencontrer les autres, de constituer des réseaux alternatifs, mais aussi, de plus en plus, le besoin d'enseigner, de transmettre mes connaissances auprès d'étudiants ou de thérapeutes qui désireraient utiliser cette thérapie avec le cheval. Le cheval nous apprend et nous désapprend. Il nous fait chercher au cœur les sentiments vrais de la relation à autrui, il nous renvoie notre lumière et nos ténèbres pour mieux appréhender la vie. Il n'a ni préjugés moraux, ni diagnostic, ni jugement. Le patient aborde celui-ci de manière neutre, authentique et bienveillante ; ses réponses sont saines et non perverses ou manipulatoires.
photo praticien Vincent Folatre
C'est une invitation à une communication unique et rare avec nous-même. Une initiation et une transformation thérapeutique accessible à tous. L'homme se projette dans le cheval, Il y trouve l'authenticité. C'est une entente, une collaboration autant qu'un besoin. C'est dans l'imprégnation de sa propre famille humaine qu'il devient un être considéré, comme dans le troupeau. Et pouvoir rentrer dans le comportement du cheval pour mieux lui parler, c'est entendre que lui aussi nous parle d'amour, détendu ou non tendu comme l'indique ces mots que tout équitant reconnaîtra. Lui est tendu vers, mais comme nous pouvons le faire, il peut également se tendre jusqu'à son point de rupture.
Le pouvoir et les étiquettes multiples et fixes, sur les êtres, empêchent la réflexion profonde et l'évolution de la personnalité vers un meilleur état d'être. La psychothérapie avec le médiateur cheval existe et doit se développer. Cette forme de communication extra-verbale en partie, après différentes étapes de projections puis d'individuation, aide à travers cet animal mythique, à revenir vers la communication et le regard d'autrui.
Ma vision personnelle sur l'Equithérapie
Après avoir expérimenté différents aspects de l’équithérapie, je me suis orienté aujourd’hui vers une approche plus globale ; Des personnes de tous milieux socio-professionnels nous ont donné leur confiance dans ce qu'il y a de plus intime les concernant, c'est-à-dire leur coeur. Le cheval, ce grand migrant consigné jusque là dans les 3m² de box qui lui sont habituellement consacrés, bénéficie directement de ce nouvel élan humain pour les grands espaces. "Les pieds nus" impliquent un nouveau comportement humain quant au "travail" des chevaux. L'usage des médecines douces se généralise pour le soin des chevaux, comme par exemple l'ostéopathie, le shiatsu...
De plus, les travaux en neurosciences sur les animaux indiquent que le cheval n'est pas uniquement un animal de labeur, de guerre, de loisir, il possède une intelligence émotionnelle à part entière. Nous pouvons l'observer dans les centres équestres où des jeunes filles passent des heures à panser leur cheval. Cette relation avec l'animal préfigure une liberté, celle d'une rencontre complète que la personne essaiera plus tard de reproduire tant bien que mal, avec les siens.
L'expérience des possibles et des limites ainsi vécue dans le psychisme et dans le corps va résonner et rayonner dans toute ou une partie de la vie, jusque dans son mythe personnel : chars de feu, chute d'Icare, centaure, chevaliers... la personne va chercher du sens grâce à ce transfuge qu'est le cheval.
Nous le voyons, les forces du cheval représentent bien la vitalité dont nous avons besoin pour revivifier notre vécu corporel, revisiter nos potentiels anesthésiés par la vie domestique voire sédentaire. Cette relation plus originelle ouvre notre intelligence du coeur, nous porte naturellement vers l'amour de l'autre.
Cet animal nous anime, nous inspire, nous montre, nous délivre des empreintes éducationnelles.
Merci à tous de votre confiance. Naturellement Cheval..
Mes compétences :
Ecologie
Conduite de projet
Ecriture
Webmaster
Guide
Thérapie individuelle
Pas de formation renseignée