Thèse en co-direction (sciences du langage et sociologie militaire) intitulée Territorialisation langagière et cohésion à la Légion étrangère : diversité et socialisation professionnelle à l’épreuve des transformations institutionnelles.
La professionnalisation des armées françaises, décidée en 1996, a posé avec une acuité nouvelle la question du rôle social des forces armées produisant et produit de mutations organisationnelles. A l’heure où se (re)posait celle de la représentativité des armées par ce vivier de recrutement qui se tarissait, de nouvelles problématiques se posaient avec l’ouverture notamment du recrutement en destination de populations minorées jusqu’à alors comme les femmes ainsi que la nécessité de performer la communication institutionnelle en travaillant la désirabilité professionnelle pour séduire les jeunes et répondre à des besoins de turn-over important. Le retour de la France dans l’OTAN en 2009 s’est inscrite dans ce nouveau format des armées en recomposition.
Une étude de 2013 sur la Francophonie comme profondeur stratégique pointe du doigt l’importance stratégique pour les armées de se saisir davantage des questions de langue en contexte militaire opérationnel mais aussi de diplomatie comme levier de soft et hard power. Cette conception de la langue articule en effet l’apprentissage de la langue à la transmission d’un modèle culturel français et à celle d’une approche polémologique où pour paraphraser John L. Austin, quand dire c’est faire, c’est aussi dire comment on fait et pense la guerre.
La normalisation linguistique de la Légion est certes tardive (1954) mais rompt par le brassage linguistique avec une tradition d’intégration des bataillons par communautés nationales, et donc pensées comme plus ou moins homogènes en termes linguistiques. Elle peut être ainsi considérée comme un laboratoire, un espace doublement clôturé, selon un modèle totalitaire qui, concernant les armées restent néanmoins hétérogènes. La langue est ainsi envisagée dans une perspective institutionnelle monolingue alors que nos premiers résultats de recherche (Texier, 2013, 2014) soulignent des mécanismes plurilingues dès l’incorporation et la socialisation des légionnaires.
Il s'agit dès lors de tendre à s’interroger sur la place future de la langue dans les armées. Le français peut-il être alors « capitalisé" comme une compétence opérationnelle, de communication tout en gardant sa performativité symbolique? Les armées françaises s’étant inscrites dans le plan égalité des chances, est-il envisageable que par ce laboratoire que représente la Légion étrangère, elles se saisissent de nouveau de la langue pour l’inscrire officiellement dans une politique de diversité en suivant l’exemple d’armées comme la Suisse, le Canada, la Belgique ou les Etats-Unis qui consacrent une part budgétaire à la promotion de la diversité?
La langue, souvent minorisée, n'est pas qu'une gageure en terme d'apprentissage d'une langue mais soulève la question des discours collectifs ou individuels, de leurs formations et de leurs transmissions, des rites, de la déstabilisation d'une tradition de commandement avec l'introduction de logiques managériales.
Mes compétences :
Esprit de travail individuel et collectif
Autonomie et sens de l'adaptation
Esprit de conquête
Esprit analytique
Communication évènementielle
Écriture facile
Gestion de projets
Veille documentaire
Plurilinguisme
Intercultural management