Sociologue du travail, mes recherches sont centrées depuis 17 ans sur les organisations. La question clef qui sous-tend tous mes travaux est de comprendre à quelle condition et au prix de quelle contrainte l'action collective, c'est-à-dire l'action organisée peut-être elle rendue possible.
En 2012, j'ai intégré le département de recherche Homme au Travail de l'INRS et depuis mes travaux portent principalement sur les RPS (Risques Psycho-Sociaux). Mon objectif est de comprendre à quelle condition il est possible d'agir sur l'organisation de manière collective pour prévenir les RPS et favoriser leur santé au travail. J'observe plus particulièrement la manière dont les médecins du travail, les psychologues, les ergonomes, les élus des CHSCT et tous les acteurs de la prévention se saisissent des démarches d'intervention en santé au travail développées par la recherche - comme la psychodynamique du travail, la clinique de l'activité ou l'ergonomie de langue française - pour prévenir les RPS. Je tente de mettre en évidence les manières souvent créatives dont ils s’approprient ces démarches pour faire face à leurs contraintes spécifiques.
Préalablement, dans le cadre de ma thèse et de mes années de post-doctorat je m'étais centrée sur le travail intérimaire et toutes les formes de travail et d'emploi qui font intervenir un tiers entre le travailleur et l'entreprise utilisatrice (la sous-traitance avec mise à disposition, le portage salarial...). Mon objectif était de comprendre comment dans ces domaines la coopération entre les travailleurs et les entreprises pouvait être rendue possible malgré différentes entraves et notamment les restrictions juridiques. J'ai alors démontré que certaines dispositions réglementaires constituaient des ressources pour l'action dont s'étaient saisies les intermédiaires - agences de travail et autres tiers - pour répondre aux préoccupations particulières des travailleurs et des entreprises, et ainsi développer les échanges.